D'El-Aïet au Rajasthan : les facteurs relient au monde...

Publié le par Michel M. Vital-Aêt



L'un des plus beaux livres d’art de l’année est là, à portée de regard, disponible sur commande auprès de son auteur, Isabeau de ROUFFIGNAC (1).

La découverte de ce livre est pour un membre du "clan" des VITAL-AÊT une heureuse surprise, génératrice de souvenirs : au Maroc, le domaine d’El-Aïet a longtemps été relié au monde extérieur par une malle poste qui délivrait au propriétaire des lieux les correspondances le reliant au monde extérieur.

Isabeau de Rouffignac a choisi dans ce livre de photographies exceptionnelles, accompagnées de textes d’une rare beauté dus à Ananda DEVI et Yves BERNANOS, de nous conduire sur les routes empruntées chaque jour, à l’autre bout du monde, par un facteur du Rajasthan.


Le découvrir nécessite d’ouvrir d’abord un petit coffre-fort métallique, quelque peu rouillé, pesant lorsqu’on le prend en mains, qui semble conçu pour protéger le secret, bien gardé sous des parois épaisses, de « Deeeparam, facteur du désert ».

Deeparam est porteur de nouvelles graves ou rassurantes, d’espoirs ravivés et de promesses écrites d’une main sûre ou hésitante, de messages inattendus qu’il va remettre, encore protégés dans leurs enveloppes toujours imprégnées d’odeurs d’encens ou du parfum de l’aimé, dans les mains qui se tendent vers lui, sur le bord de la route.


Ce facteur intemporel, d’une élégance particulière qui donne à sa silhouette, sur les chemins désertiques où il va de son pas déterminé mais qu'on devine lent, plombé par la chaleur pesant sur ses itinéraires, une allure altière, est un véritable magicien.


De sa sacoche en toile de jute, portant en elle, dans sa maille grossière, les poussières et les sables affrontés durant la marche, il sort des manuscrits porteurs de mort aussi bien que de rêve, d'espoir autant que de désillusion.

À l’heure où il se livre enfin, vaincu par la fatigue, à la torpeur des soirs du Rajasthan, théière posée à même le sable, des hommes harassés, aux visages tristes; des enfants sages et de riantes jeunes filles s’arrêtent soudain pour l’écouter raconter son voyage et les instants vécus, à l’arrivée de ses lettres, par les villageois de ces confins de l’Inde et du Pakistan.

« Mots, argent, photos, nouvelles,
Espoir ou annonce de désastre :
La besace du postier contient le monde.
Au bout de tant de kilomètres son poids est infini.»

écrit Ananda DEVI qu’inspirent ces photos exceptionnelles réalisées par Isabeau  de ROUFFIGNAC pour décrire le quotidien du facteur, là-bas.

Il est revêtu de blanc, l’homme au beau turban immaculé comme la moustache, héritée d’un colonel d’une armée des Indes dans laquelle il eut pu servir, en d’autres temps….

Les facteurs de Saintonge ou de villages des Landes se dirigeant vers tel hameau, vers tel écart, à travers la brume qui enveloppe la paysage ou à travers la poussière sablonneuse d’un chemin forestier que soulève dans leur sillage la Renault jaune de la Poste, sont-ils au fond  si différents de Deeparam le grand ?

Achetez vite ce livre merveilleux, hors du commun, édité de main de maître, dont chaque photographie, en noir et blanc, transporte dans un monde si loin du nôtre et pourtant si proche.

On peut lire dès les premières pages du livre quelques lignes transcrivant peut-être des paroles de Deeparam :

« Que te dit le sable quand il te regarde le matin
Juste avant que tu ne l’affrontes ?
Chaque jour est un voyage
Dont tu n’es pas certain de revenir. »



(1) Le livre est à commander en adressant un mail à : <isabeau@noos.fr>
ou par téléphone au 06 20 47 35 44
Lze livre est également disponible à la FNAC

Publié dans le-blogdesvitalaet

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