Toi, père lointain
Vous avez été très nombreux à lire « Les orangers de Dar Baouza », écrit par Louis A. VITAL-AÊT, dont la qualité d’écriture a beaucoup fait pour la fréquentation de ce site durant cette semaine.
Sur la même thématique, on trouvera ci-dessous un poème rédigé par le même auteur, père du fondateur de ce Weblog, écrit en parallèle avec le récit publié ici ces jours derniers. Il s’inscrit dans la lignée des poèmes écrits il y a près d’un siècle par son aïeul Paul-Nassim, dont le talent littéraire a été reconnu en son temps par la « bonne société » tangéroise, au sein de laquelle il fit sa vie durant figure d’homme cultivé, sensible et fantasque.
Toi, père lointain
Dar Baouza : son sol meuble au toucher de velours,
Quand les pieds le foulent dans ta marche,
Sous les orangers formant arche,
Ce soir porte ton sommeil lourd.
Diaphane, ta silhouette se voit-elle encore,
Belle ombre errante parmi les fleurs exquises,
Depuis la terrasse où, surprise,
Se devinait ce corps à corps
Entre une terre, pour toi mer et mère,
Pour toi prête à t’ensevelir,
Pour toi humus, tombeau, navire,
Nourricière, meurtrière, repère,
Et un homme tant aimé, Toi, père lointain ?
Lointain comme des jardins d’agrumes,
Que l’enfant soudainement exhume
Des souvenirs de jours heureux, des souvenirs de jours sans fin.
Louis A. VITAL-AÊT
Mars 2009, Gironville